dimanche 28 février 2021

Talmud de Babylone, Berakhot 35a, chapitre 6 : comment bénit-on ? כיצד מברכין

 Notes brutes sur la lecture de l'analyse de Moshé Benowitz (en vente ici : כיצד מברכיון משה בנוביץ).

p.6-7

Début de la guemara sur le ch. 6. D'où sait-on qu'il faut faire des bénédictions AVANT de manger ?

En général, l'expression מנא הני מילי "d'où proviennent ces paroles" introduit une réponse qui se trouve dans un midrash halakha. Ici également, la réponse est une baraïta appuyant R. Akiva commençant par תנו רבנן קדש הלולים qui laisse entendre que la bénédiction avant le repas (et plus généralement les ברכות הנהנים les bénédictions de jouissance d'un bien) serait mi-dé-orayta. Une  étude rapide de la halakha en vigueur à l'époque du second temple (Qumran, Philon, les Evangiles) montre que la bénédiction AVANT le repas était le seule en usage et non la bénédiction après le repas (ברכת המזון).


L'idée que la bénédiction AVANT le repas serait mi-dé-orayta contredit Mishna Berakhot 3,4 בעל קרי מהרהר בלבו le baal kéri récite dans son cœur... il bénit après le repas birkat ha-mazon, mais il ne bénit pas avant. L'idée sous-jacente est que la takanat-Ezra (תקנת עזרא) annule les préceptes de-rabbanan, mais non pas les préceptes de-orayta. Pour rappel, la décision d'Ezra, depuis annulée par les rabbins, est une disposition interdisant au baal-kéri, celui qui a eu un rapport sexuel, d'étudier la Torah sans avoir été purifié au préalable dans un bain rituel (mikvé).

Berakhot 21a contredit également l'idée que la bénédiction avant soit de-orayta. Résumé de B. 21a : la lecture de la Torah nécessite une bénédiction avant de-orayta, basée sur le verset du Dt כי שם ה' אקרא הבו גֹדל לאלהינו et le repas une bénédiction après, basée sur le verset ואכלת ובשבת וברכת. On peut faire un kal vahomer réciproque, mais la Torah étant une nourriture de vie éternelle, elle est au-dessus de la nourriture terrestre, donc on ne peut appliquer ces deux versets réciproquement par kal va-homer et donc on ne peut démontrer ni qu'il y a nécessité de bénir après la lecture de la Torah, ni avant le repas.

Il y a une parenté entre la sougia B 21a et B 35a. Les deux invalident l'idée que la bénédiction après est de-orayta.

B35a s'évertue à démontrer l'invalidité de la barayta de R. Akiva par deux arguments :

- le mot הילולים sur lequel R. Aqiva s'appuie pour fonder son argument de-oryata n'est pas un mot "disponible" pour faire un midrash. Selon toutes les opinions possibles que le stam va détailler, ce mot est utilisé pour démontrer d'autres dinim.
- même si ce mot était effectivement disponible pour appuyer une bénédiction avant mi-dé-orayta, on se trouverait quand même dans l'impossibilité de faire une démonstration pour tous types d'aliments, mais tout au plus ce serait applicable aux végétaux (mais non par exemple à la viande).

La conclusion est donc que la bénédiction avant est une svara סברא c'est-à-dire une opinion fondée sur le bon sens mais qui n'est démontrable par aucune source.

Comment le stam a-t-il pu se permettre de réfuter un enseignement tannaïtique pour arriver à une simple svara ? Il semble que le stam ait comme arrière-plan B 21a et qu'il choisisse délibérément de ne pas amener la source Berakahot 3,4 et de la confronter à la baraïta de Rabbi Aqiva comme une discussion courante du Bavli, mais de déployer toute sa virtuosité exégétique à casser l'argument de Lv 19 sur הילולים pour finalement le remplacer par une svara.

La sougia a possède une forme chiastique. Cette forme sert une intention précise : remplacer le midrash halakhique par une svara.
Le début de la sougia montre que le mot hilloulim n'est pas disponible fonder les bénédictions avant car elle sert au sujet du néta réva'i : parce qu'il faut désacraliser les fruits de la 4e année et la loi sur sur ces fruits ne s'applique qu'au raisin. Lv 19,23

p.8-9

le pshat de Lv 19,23 : tous les arbres sont concernés. Selon une opinion de la sougia, seule la vigne est concernée. Le devenir des fruits de la 4e année fait l'objet d'une interprétation rabbinique : comme la deuxième dîme, les fruits sont acheminés à Jérusalem pour y être consommés par leur propriétaire ou bien ils sont rachetés et l'argent sert à acheter des aliments consommés à Jérusalem.

Hilloulim correspond à deux mots : hilloul et hilloul. Dans un premier temps au pargraphe [3] le stam indique que le premier hilloul sert à dire que les fruits doivent être désacralisés 'hilloul comme la seconde dîme et le second hilloul sert à limiter l'application aux raisins seulement (par analogie avec Jg 9 et que seul le vin offert au temple est accompagné d'un chant, hilloul).
Mais ensuite, le stam indique qu'il existe en réalité trois opinions possibles :

- ceux qui enseignent que toutes les plantes sont concernées par la loi des fruits de la 4e année
- ceux qui disent que seule la vigne est concernée et qui le déduisent d'une gzéra shava
- ceux qui disent que seule la vigne est concernée et qui le déduisent d'un qal vahomer.

Ces trois opinions ont des conséquences diverses le caractère "disponible" d'un des deux hilloul comme base de la bénédiction avant, mais la limitation appliquée aux fruits de la 4e année, s'il y en a une, s'applique également aux aliments correspondants à la bénédiction avant.
Les trois opinions et leurs conséquences sont synthétisées dans le tableau suivant :



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