dimanche 20 juin 2010

Comment la traduction hébraïque de Samuel Ibn Tibbon du Guide des perplexes a contribué à transformer le judaïsme en une religion philosophique ?

Une lecture du livre de Carlos Fraenkel "de Maïmonide à Samuel Ibn Tibbon"מן הרמב"ם לשמואל אבן תיבון (Le livre de Carlos Fraenkel est disponible aux éditions de l'Unveristé Hébraïques, Magnes Press.)

Ibn Tibbon a eu un rôle de médiateur qui a consisté à transcrire le Moré Ha-Nevukhim (מורה הנבוכים traduit souvent par l'expression "Guide des Egarés", mais que l'on peut plutôt traduire par "Guide des Perplexes") de Maïmonide, depuis la langue et la culture judéo-arabe dans lesquelles il a été écrit vers la pensée occidentale hébraïque et latine.

Maïmonide développe deux types de philosophie : la Sagesse du corps, dont le Mishné Torah est le représentant, et la Sagesse de l’âme, contenue essentiellement dans le Moré. Cette dernière sagesse est présentée par Maïmonide comme ayant été transmise oralement depuis Moïse, mais ensuite, perdue après la clôture du Talmud. La lecture de Platon et d’Aristote, sages des nations, a permis de redécouvrir le sens caché et mystique de la Torah. Ibn Tibbon voit dans Maïmonide l’envoyé de Dieu qui doit révéler à nouveau la dimension philosophique du judaïsme perdue depuis Rav Ashi. Le Moré, le Guide des Perplexes, se présente donc comme un guide pour découvrir les éléments cachés de la Torah (מדריך לסתרי התורה).

Ibn Tibbon réalise d’abord une traduction du Moré, puis le complète avec ses commentaires pour finalement le transformer, le remplacer, le substituer. Ces autres écrits sont : une traduction de sources grecques (le livre météorologique d’Aristote), des articles sur la piété d’Averroès (Ibn Rushd), un commentaire de Qohélet un texte sur la parole de la Genèse « que s’assemblent les eaux » (מאמר יקוו המים). Ces deux derniers textes se présentent comme la continuation de l’œuvre du Moré.