Cet article est une sorte de memento / introduction pour découvrir comment fonctionne une page traditionnelle de Talmud, édition de Vilna. En seconde partie, une introduction rapide aux différentes couches de rédaction et des langues des différents éléments d'une page de Talmud.
Présentation d’une page du Talmud.
Dans le Talmud de Babylone, chaque folio (en hébreu דף) possède un numéro, par exemple ברכות כ'
numéro 20, avec un recto, noté A ou א ou un seul point, et
un verso noté B ou ב ou deux points.
Un folio comporte :
-
une partie centrale
où se succèdent deux textes :
o
Les sections de la Mishna
sont précédées de l’abréviation מתני'
o
Les sections de la Guemera
sont précédées de l’abréviation גמ' ;
-
Entourant la partie
centrale :
o
Le commentaire de Rashi,
situé à l’intérieur de la page. Suivante qu’il s’agit d’un recto ou d’un verso,
le commentaire sera donc situé à droite ou à gauche de la partie centrale.
o
Le commentaire des
Tossafot, à l’opposé du commentaire de Rashi.
Aperçu des différentes couches de rédaction.
La Mishna :
Le mot « mishna » signifie
« répétition », « enseignement ». Il s’agit d’un code de
halakha publié en l’an 200 par Rabbi Yehuda ha-nassi. La Mishna recueille les
opinions, jusque-là orales, des rabbins « répétiteurs », en hébreu
tannaïm. Ces enseignements sont classés en 63 traités répartis en 6 ordres
(semences, fêtes, femmes, dommages, saintetés, puretés). Chaque traité traite
d’un sujet (exemple : les bénédictions, le shabbat, la pâque, etc.).
Chaque traité comporte plusieurs chapitres, comportant chacun plusieurs
paragraphes unitaires appelés « mishna » (pluriel mishnayot). La
Mishna avec un m majuscule fait référence à l’ouvrage général tandis qu’une
mishna est la plus petite unité d’enseignement à l’intérieur d’un traité.
La Mishna est rédigée dans un hébreu particulier qui est une
langue différente de l’hébreu biblique (HB) et qu’on appelle généralement
« hébreu mishnique » (HM). Il y a plusieurs différences notables avec
l’HB :
-
L’emploi du système verbal
diffère : l’accompli est vraiment un passé et l’inaccompli est un
futur ;
-
Certaines formes
grammaticales ont évolué (pluriel en ין fréquent, utilisation
du ש pour le relatif, etc.)
-
La syntaxe normale est sujet
verbe complément (contrairement à l’HB qui met plus volontiers le verbe en
premier) ;
-
Le lexique ordinaire
appartient à une variante dialectale distincte de l’HB, bien que l’on retrouve
certains mots dans le corpus biblique (exemples : HB=> HM, שמש => חמה, עץ => אילן, חפץ => רצה).
-
Un certain nombre de termes
techniques sont empruntés aux langues en contact comme l’araméen (surtout sur
les aspects juridiques. Ex : מדינה, שטר), le grec (פרצוף, קטגור, סנגור) ou encore le latin (מטרונה).
Le style de la Mishna est très concis et fait pour être
appris par cœur. C’est un pur sytle oral.
Le corpus officiel de la Mishna n’est pas le seul témoin de
cette couche de rédaction. La tradition tannaïtique est aussi représentée
par :
-
des midrashim dit « anciens »
ou parfois « halakhiques » car ils constituent une première mise par
écrit de la tradition rabbinique naissante, ordonnée selon l’ordre biblique. A
contrario, la Mishna constitue une première approche de classement thématique.
-
Le corpus plus tardif de la
Tosefta (mot araméen qui signifie « ajouts ») publié vers 300 par
l’école de Rabbi Oshaya. Il s’agit d’enseignement tannaïtiques non retenus dans
le corpus de la Mishna, organisés selon le même ordre que les traités de la
Mishna.
-
Les mishnayot « externes »
appelées baraïtot (singulier baraïta) et qui sont citées par la génération
suivante, les amoras, dans la guemara des deux talmud, de Babylone ou de
Jérusalem.
La Guemara :
La guemara est correspond à des enseignements des amoraïm.
Ces rabbins sont les continuateurs des tannaïm. A partir du 3e
siècle jusqu’au 5e siècle, le besoin d’expliquer et de discuter la
Mishna se fait sentir. La Mishna étant un texte lapidaire et concis, fait pour
être appris par cœur, il donne peu d’explication exégétique et ne donne pas
d’éléments précis pour trancher entre les diverses opinions qu’il présente.
C’est donc la guemara qui a pour fonction d’expliquer.
Le Talmud de Babylone a été rédigé en araméen babylonien
mais cite volontiers la Mishna ou des enseignements tannaïtiques extérieurs,
baraïtot qui sont des passage en hébreu mishnique.
Selon les critique modernes, notamment David Halivni, la
guemara recueille les avis des amoraïm, mais sa compilation finale est le fruit
du travail des « stammaïm », auteurs anonymes babyloniens. On leur
doit notamment l’articulation logique du texte qui est uniformisée par des
formules codifiées et qui constitue l’herméneutique talmudique. Par exemple la
formule תנו רבנן ne signifie pas seulement « nos
maîtres ont enseigné », mais est la formule consacrée pour introduire une
baraïta à l’intérieur de la guemara.
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