Bernard : Lors d'une étude dans le cercle hébraïsant dont je fais parti, il nous
est apparu dans le psaume 150 que la règle du dagesh dans les
begatkefat n'était pas suivie. Voir pour ceux qui connaissent la
cantilation. En fait il existe 2 versions qui ne gardent pas les mêmes
cantilations.
Quelqu'un connaitrait il la réponse?
Nicolas : de quels dagesh parlez-vous ? S'agit-il des beth qui suivent halleluhu ?
- ici הללוהו בגבורתיו et là הַללוהו בתף on a un beth sans dagesh
- alors que pour הַללוהו בתקע on a un beth avec dagesh.
Est-ce ceci qui fait l'objet de votre question ?
Bernard : Exactement !
En fait on retrouve une syllabe longue accentuée dans l'un donc pas de dagesh
et en regardant plus loin, on trouve '( étonnant!) une syllabe longue
non acentuée et là, on a toujours pas de dagesh dans le beth. Curieux..
Nicolas : OK.
D'abord rappelons brièvement le principe du dagesh léger. Les lettres
בג"ד כפ"ת ont une prononciation soit explosive (dure) soit fricative
(molle). Linguistiquement cela correspond au fait que lorsqu'un syllabe
commence on fait l'effort d'articuler le son, alors que lorsque la
consonne clôt la syllabe, l'appareil phonatoire est plus feignant et
c'est alors la prononciation "plus facile", fricative qui sort. Ainsi P
demande plus d'efforts que F. D'où le fait que la consonne פ représente à
la fois les deux sons : intialement il représentait uniquement P, puis
par paresse, il devient F dans certains cas. Il s'agit là de
l'explication linguistique du pourquoi des begadkefat.
Mais c'est très important à comprendre car l'idée est donc bien que
lorsque je commence une syllabe, je prononce le lettre de manière
explosive. Maintenant, il faut comprendre la logique du texte biblique :
lorsque deux mots sont liés ensembles par un accent conjonctif (qui
réunit les mots, en quelque sorte), le groupe de mot est à considérer
comme ne faisant qu'un. Ainsi, si un mot se termine par une syllabe dite
ouverte, donc par une voyelle, la consonne du mot suivant qui est liée
peut alors être considérée comme fermant la syllabe ouverte.
A la lumière de cette règle, on comprend pourquoi certains mots comportent un dagesh léger (prononciation explosive) ou pas :
- הללוהו בגבורתיו halleluhu vigvurotav : les deux mots sont liés par un accent conjonctif, le beth est donc fricatif
- en revanche dans הללוהו כרב גדלו on a un accent disjonctif sur הללוהו
ce qui le sépare des deux mots suivants, on met donc un datesh léger
dans le kaf.
- pour הללוהו בתקע שופר on a un accent également disjonctif sur הללוהו, donc dagesh dans le beth de beteqa'.
- au verset 4, dans הללוהו בתף ומחול on a également un accent disjonctif
sur הללוהו, on devrait donc avoir un beth explosif. C'est là que le
codex de Leningrad est fautif en omettant le dagesh et le Codex d'Alep
correct en plaçant un.
Ci après, une comparaison des deux manuscrits, Alep et
Leningrad, pour le Ps 150. Cela démontre une fois de plus la qualité du
codex d'Alep par rapport au codex de Leningrad qui est une copie du
premier.(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
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