mardi 17 avril 2012

Le dagesh léger dans le psaume 150

Bernard : Lors d'une étude dans le cercle hébraïsant dont je fais parti, il nous est apparu dans le psaume 150 que la règle du dagesh dans les begatkefat n'était pas suivie. Voir pour ceux qui connaissent la cantilation. En fait il existe 2 versions qui ne gardent pas les mêmes cantilations.
Quelqu'un connaitrait il la réponse?


Nicolas : de quels dagesh parlez-vous ? S'agit-il des beth qui suivent halleluhu ?
- ici הללוהו בגבורתיו et là הַללוהו בתף on a un beth sans dagesh
- alors que pour הַללוהו בתקע on a un beth avec dagesh.
Est-ce ceci qui fait l'objet de votre question ?

Bernard : Exactement !

En fait on retrouve une syllabe longue accentuée dans l'un donc pas de dagesh

et en regardant plus loin, on trouve '( étonnant!) une syllabe longue non acentuée et là, on a toujours pas de dagesh dans le beth. Curieux..


Nicolas : OK.

D'abord rappelons brièvement le principe du dagesh léger. Les lettres בג"ד כפ"ת ont une prononciation soit explosive (dure) soit fricative (molle). Linguistiquement cela correspond au fait que lorsqu'un syllabe commence on fait l'effort d'articuler le son, alors que lorsque la consonne clôt la syllabe, l'appareil phonatoire est plus feignant et c'est alors la prononciation "plus facile", fricative qui sort. Ainsi P demande plus d'efforts que F. D'où le fait que la consonne פ représente à la fois les deux sons : intialement il représentait uniquement P, puis par paresse, il devient F dans certains cas. Il s'agit là de l'explication linguistique du pourquoi des begadkefat.

Mais c'est très important à comprendre car l'idée est donc bien que lorsque je commence une syllabe, je prononce le lettre de manière explosive. Maintenant, il faut comprendre la logique du texte biblique : lorsque deux mots sont liés ensembles par un accent conjonctif (qui réunit les mots, en quelque sorte), le groupe de mot est à considérer comme ne faisant qu'un. Ainsi, si un mot se termine par une syllabe dite ouverte, donc par une voyelle, la consonne du mot suivant qui est liée peut alors être considérée comme fermant la syllabe ouverte.

A la lumière de cette règle, on comprend pourquoi certains mots comportent un dagesh léger (prononciation explosive) ou pas :
- הללוהו בגבורתיו halleluhu vigvurotav : les deux mots sont liés par un accent conjonctif, le beth est donc fricatif
- en revanche dans הללוהו כרב גדלו on a un accent disjonctif sur הללוהו ce qui le sépare des deux mots suivants, on met donc un datesh léger dans le kaf.
- pour הללוהו בתקע שופר on a un accent également disjonctif sur הללוהו, donc dagesh dans le beth de beteqa'.
- au verset 4, dans הללוהו בתף ומחול on a également un accent disjonctif sur הללוהו, on devrait donc avoir un beth explosif. C'est là que le codex de Leningrad est fautif en omettant le dagesh et le Codex d'Alep correct en plaçant un.

Ci après, une comparaison des deux manuscrits, Alep et Leningrad, pour le Ps 150. Cela démontre une fois de plus la qualité du codex d'Alep par rapport au codex de Leningrad qui est une copie du premier.(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 

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